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21 juin 2021

Anne, assistante socio-éducative

Article

Prendre soin des enfants à Citad’elles, c’est les accueillir dans un espace dédié, ainsi que leurs mères, et leur proposer un accompagnement et une écoute adaptés, assurés par des professionnelles compétentes.
Découvrez l’interview d’Anne, assistante socio-éducative.

De quelle façon intervenez-vous à Citad’elles ?

Je reçois les mères qui rencontrent des difficultés dans l’exercice de leur parentalité, dont les enfants ont des troubles qu’elles ne savent pas toujours comment accompagner. Ces femmes victimes de violences ont été dénigrées par leurs conjoints, et sont remises en question dans leur capacité à être parent. Souvent, elles ne savent plus ce qui est juste ou non. Pendant nos échanges, nous travaillons sur comment écouter et sécuriser l’enfant pour qu’il puisse continuer à s’exprimer, à poser des mots, des gestes sur ses colères et ses émotions. Et pour qu’il comprenne ce qu’il est en train de vivre.

Vous recevez également les enfants ?

Il y a autant de situations que de familles. Mais, pour résumer, je commence par voir les mères seules et, si elles sentent utile que les enfants me rencontrent, qu’ils soient ou non suivis par des thérapeutes – ce que je ne suis pas – à l’extérieur, alors je les reçois. Je leur donne des outils. Comme avec cette petite fille qui a peur de tout, avec qui je distingue les peurs qui sont utiles, et puis les autres.

Dans quelles situations se trouvent les femmes que vous rencontrez ?

Très différentes. Certaines viennent tout juste de quitter leur conjoint et vivent à l’hôtel, chez des amis, ou dans un appartement partagé. D’autres ont quitté leur conjoint depuis longtemps. En fonction des situations, les enjeux sont différents. Elles pensent souvent que les troubles exprimés de leurs enfants valide le jugement qu’avait porté le père sur leur incapacité à être parent… Alors j’essaie de les déculpabiliser, de les rassurer. Il peut aussi y avoir un travail à faire pour dégager les enfants de la souffrance que le père déverse sur eux.

Voyez-vous un point commun aux mères que vous rencontrez ?

Pour la plupart, elles souhaitent que leurs enfants conservent une belle image du père. C’est très complexe : à la fois elles ne veulent pas abîmer cette relation, et en même temps, il faut réussir à nommer la violence, dont les enfants ont parfois été témoins. Si le père est en prison, j’insiste par exemple pour qu’elles ne disent pas que c’est à cause d’une « grosse bêtise », mais bien parce qu’il a commis un acte interdit.

Vous vous souvenez de vos premières impressions en découvrant Citad’elles ?

Oui très bien, c’était le 2 janvier 2020, le jour de ma prise de fonctions. J’ai trouvé que c’était proche d’une ambiance de spa, d’un lieu de bien-être. C’était très différent des centres sociaux dans lesquels j’avais travaillé jusqu’alors.

Le confinement de mars 2020, vous vous en souviendrez comme d’un moment…

D’urgences. Pendant ce premier confinement, les femmes qui venaient au centre n’étaient que dans des situations d’urgences. Or, quand des familles arrivent pour être logées, je rencontre les enfants pour leur expliquer ce qui va se passer. Il m’arrive de rester avec eux pour les sécuriser parce que les mères sont très prises par les rendez-vous avec les juristes, les avocats, la police etc. Dans l’équipe, une solidarité s’est d’ailleurs instaurée pour que celle qui est disponible reste auprès des enfants présents dans ces moments-là. Citad’elles fait aussi appel à des « nounous », à une association composée de personnes en retraite, quand les rendez-vous sont prévus (l’association SOS urgence garde d’enfants).

Quelle personnalité vous inspire ?

J’ai envie de citer la docteure en psychologie clinique Karen Sadlier, qui est une des spécialistes françaises des traumatismes liés aux violences. J’ai découvert son travail, et j’ai eu la chance de participer à l’une de ses formations à Citad’elles. Son travail, sur les émotions notamment, est une source de réflexion très forte pour moi. Elle utilise par exemple la force des images, au-delà des mots.

Pensez-vous à une ressource grand public à transmettre sur les violences ?

Je fais souvent référence à un support dans mes accompagnements : « La petite casserole d’Anatole », d’Isabelle Carrier. Cette casserole que se traîne cet enfant, et qui se coince partout, je propose de la voir comme le secret ou la tristesse qui empêche de vivre, d’avancer. Cela peut aider les enfants à parler de ce qu’ils ressentent.