Prendre de soin de sa santé à Citad’elles, c’est non seulement pouvoir bénéficier d’un accompagnement medico-psychologique adapté au psycho-traumatisme des victimes. Mais c’est aussi avoir accès à des activités diversifiées (groupes de paroles, art-thérapie…) pour reprendre confiance en soi et trouver les ressources pour sortir du cycle des violences.
Découvrez l’interview d’Émilie, art-thérapeute chez Question Confiance.
De quelle façon intervenez-vous à Citad’Elles ?
Je propose des séances collectives d’art-thérapie toutes les semaines. Les séances se déroulent de la façon suivante : après un temps d’accueil où chacune prend la parole si elle le souhaite, je leur propose un dispositif art-thérapeutique. Par exemple, je peux leur proposer de créer, bricoler, représenter, quelque chose ou d’exprimer leur émotion du moment et leur besoin, avec l’outil de leur choix : peinture, dessin, découpage, collage… C’est très libre. Nous concluons par un temps d’échange. C’est un moment pour elles, où se tissent des liens de solidarité très forts entre les participantes. Certaines se sont même offert des pastels en guise de cadeaux de Noël !
Quelle est la particularité du public que vous rencontrez à Citad’elles ?
Toutes ces femmes sont victimes. Ici elles viennent comme et quand elles peuvent. Le stress, l’emprise, mais aussi les rendez-vous en urgence au tribunal, les arrêts maladies, les reprises d’activité… Le quotidien ne leur permet pas toujours d’être à l’heure, ou même présentes. Mais ce n’est pas un sujet. Je suis là pour leur offrir un espace d’expression, de liberté et de créativité qui leur permettent de trouver les ressources et les solutions en elles-mêmes pour avancer.
Ya-t-il un moment qui vous ait particulièrement marquée ?
Pendant le deuxième confinement, après un couac d’agenda, je me suis retrouvée avec deux femmes au lieu d’une seule (ndlr : les conditions sanitaires ne permettaient plus les ateliers collectifs). Je connaissais l’une d’elle, l’autre venait pour la première fois. Elles se sont parlé de leurs histoires, qui étaient à la fois semblables et différentes. Il s’est noué entre elles une solidarité incroyable. Ce soir-là, elles se sont tout de suite comprises, dans l’indicible.
Le confinement de mars 2020, vous vous en souviendrez comme d’un moment…
De rupture. Or, les ruptures, je fais tout pour les éviter car les femmes victimes de violences en vivent suffisamment par ailleurs. Nous avions démarré les ateliers en janvier 2020, c’était le démarrage : le confinement y a mis un coup d’arrêt net. La dizaine de femmes impliquées n’est jamais revenue. Quand les personnes décident d’elles-mêmes de ne pas revenir à un atelier thérapeutique, c’est leur choix. En l’occurrence, ce n’était pas le cas.
Quelle personnalité vous inspire ?
Ce n’est peut-être pas très original, mais je pense à ma mère. C’est une force de la nature, une vraie guerrière. Elle nous a élevé et je sais qu’elle a fait de son mieux.
Vous souvenez- vous de vos premières impressions en découvrant Citad’elles ?
Moi qui suis très sensorielle, j’ai tout de suite apprécié les détails du lieu : l’insonorisation, les textiles choisis, l’ambiance… Je le trouve extrêmement bien pensé pour que les femmes s’y sentent bien et leur donne envie de revenir.
Quel message souhaitez-vous transmettre aux femmes qui nous lisent ?
Faites-vous du bien ! Je constate souvent que les femmes qui sont ou ont été victimes de violences ont aussi été privées de tout. Alors mangez du chocolat, si vous en avez envie, reposez-vous si vous en ressentez le besoin, offrez-vous un vêtement si cela vous fait plaisir.
Souhaitez-vous partager une ressource autour de la question des violences ?
Je pense à cet épisode de la série Grey’s anatomy où l’interne « Jo » s’occupe d’une femme victime de violences, et qui se termine par une haie d’honneur avec tous les soignantes, toutes ensemble, toutes solidaires.
Question Confiance est une association qui accompagne des femmes fragilisées par les accidents de la vie, en leur proposant un lieu, et des moments privilégiés.