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28 juin 2021

Lucile, sage-femme

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Prendre de soin de sa santé à Citad’elles, c’est pouvoir bénéficier d’un accompagnement médico-psychologique adapté au psycho-traumatisme des victimes. Découvrez l’interview de Lucile, sage-femme, mise à disposition par le conseil départemental de Loire-Atlantique, qui assure des consultations à mi-temps.

De quelle façon intervenez-vous à Citad’elles ?

Je reçois des femmes victimes de violences pour faire un état des lieux de leur santé. Je ne fais pas de diagnostic ou de soins, l’idée est plutôt, par l’échange, de faire émerger les maux dont elles souffrent. Pendant le premier entretien, nous abordons leurs antécédents familiaux, médicaux, personnels. Cette heure et demie me permet d’évaluer où elles en sont, comment elles vont, et sur quel.les professionnel.les elles peuvent s’appuyer (généraliste, psychologue, gynécologue etc). Souvent, la longueur de nos échanges facilite la prise de conscience qu’il existe un lien entre les maux récurrents dont elles souffrent, et les violences qu’elles ont subi.

Quels sont ces maux récurrents auxquels vos patientes se trouvent confrontées ?

Les troubles du sommeil sont cités de façon quasi systématique. Voilà pourquoi il m’arrive de proposer des rendez-vous complémentaires, pendant lesquels j’essaie de leur transmettre des outils autour de la relaxation, de la respiration, du relâchement du corps. Objectif : apprendre à être à l’écoute de soi, tout en s’accordant un moment de répit. Mais on pourrait aussi citer les migraines, les gênes abdominales, les troubles de l’alimentation…

Vous vous souvenez de vos premières impressions en découvrant Citad’elles ?

C’était en janvier 2020, lors de ma prise de fonction. J’ai découvert mon bureau tout neuf, que je partage avec le Planning familial, et qui donne directement sur mon ancien lieu de travail : la maternité ! Les femmes que je reçois partagent souvent leur surprise d’être accueillies dans un endroit aussi beau.

Le confinement de mars 2020, vous vous en souviendrez comme d’un moment…

Inédits. Cela a complètement bousculé mes habitudes professionnelles. Comme je n’étais pas dans le soin, je me suis retrouvée sans aucun rendez-vous, chez moi, avec un fort sentiment d’inutilité. Assez vite, j’ai donc proposé de prêter main forte à mes collègues coordinatrices de parcours, qui étaient, elles, débordées. J’ai répondu au téléphone – il n’arrêtait pas de sonner. Ces moments, très forts, m’ont poussée à progresser, et ont soudé les liens que j’entretiens avec l’équipe.

Un objet incarnant votre activité ?

La théière qui crée du lien avec les collègues, mon tampon de sage-femme qui me permet de prescrire des rééducations du périnée par exemple, et des livres pour mieux comprendre son corps.

Quelle personnalité vous inspire ?

Elles sont nombreuses ! Mes amies déterminées à vivre leur vie, ma mère, qui a toujours en tête de s’occuper des autres. Et mes collègues, qui entendent des choses difficiles toute la journée, mais conservent leur bonne humeur. Sans oublier les femmes que je vois en consultation bien sûr, qui constituent la preuve que rien n’est jamais immuable, même pas le pire.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux femmes qui nous lisent ?

Sortons du tabou autour des violences, parlons-en, il n’est jamais trop tard pour réagir. Sentons-nous libre de poser la question « Es-tu victime de violences ? », en cas de doutes. Les conséquences sont trop graves pour rester dans le doute.

Souhaitez-vous partager une ressource autour de votre pratique professionnelle ?

Je pense à la série « Des filles et des règles », diffusée sur TV5 monde, qui présente le rapport de quatre jeunes filles de pays différents à leur menstruation. Elles n’ont pas la langue dans leur poche, c’est riche et elles font tomber les clichés : dix minutes très agréables à regarder !