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31 mai 2021

Anaïs et Defne, psychologues

Article

Des permanences de consultation médico-psychologique sont assurées par des psychologues de France Victimes 44 Nantes* et SOS Inceste et Violences Sexuelles, du lundi au vendredi, afin de proposer aux femmes victimes de violences un accompagnement adapté au psycho-traumatisme qu’elles ont vécu.
Découvrez l’interview d’Anaïs et de Defne, psychologues chez France Victimes 44 Nantes.

De quelle façon intervenez-vous à Citad’elles ?

Anaïs : Nous recevons des femmes pour des consultations psychologiques. Notre spécificité, c’est de proposer un accompagnement le long, et en lien avec les moments clés, de la procédure pénale. Par exemple, nous préparons à ce ce que la démarche de déposer plainte peut impliquer par la suite, comme les expertises, les investigations, les confrontations… Nous travaillons aussi sur le décalage entre la temporalité judiciaire et la temporalité psychique.

Defne : Cela dit, s’engager dans une procédure pénale n’est pas un préalable nécessaire à nos consultations : les femmes que nous rencontrons ne déposeront peut-être jamais plainte. Chaque cas est particulier. Et quand les agendas le permettent, il arrive même que nous les accueillions en binôme : une juriste de France Victimes et une psychologue.

A quels types d’interrogations êtes-vous fréquemment confrontées ?

Defne : On reçoit des femmes victimes de violences conjugales, qui s’interrogent sur leur légitimité en tant que victimes, sur la qualification des violences auxquelles elles sont confrontées. Quand elles ont des enfants, la culpabilité qui en découle peut être travaillée lors des rendez-vous psychologiques.

Anaïs : Outre les questions concernant la procédure, et leur légitimité à déposer plainte, elles s’interrogent sur les raisons pour lesquelles elles n’ont pas perçu les violences plus tôt. Nous les accompagnons sur ce chemin de la prise de conscience, sur les mécanismes du cycle des violences.

Qu’est-ce qui vous marque à Citad’elles ?

Defne : Parmi la diversité des situations auxquelles je suis confrontée, certaines ont provoqué des prises de conscience. Par exemple, il m’arrive régulièrement de rencontrer des femmes migrantes, mariées à des Français beaucoup plus âgés qu’elles. Souvent, le schéma se répète : elles arrivent dans l’Hexagone, avec la volonté d’une vie meilleure, de contribuer aux ressources de leur famille restée dans le pays d’origine, et elles se retrouvent totalement asservies. Leurs histoires sont vraiment assimilables à de l’esclavagisme moderne.

Vous souvenez-vous de vos premières impressions en découvrant Citad’elles ?

Defne : Nous sommes là pour accueillir la parole de personnes en souffrance : cet endroit répond à ce besoin. C’est un vrai lieu de ressourcement pour les femmes, y compris quand elles n’y ont pas de rendez-vous.

Le confinement de mars 2020, vous vous en souviendrez comme de moments…

Anaïs : A distance. Il y a eu énormément d’appels à Citad’elles, et nous étions en 100% télétravail, mais il a fallu apaiser les tensions et les angoisses par téléphone. Gérer aussi la difficulté des femmes à échanger avec nous alors qu’elles étaient très isolées, enfermées avec les conjoints et les enfants. Je me souviens que certaines m’ont appelée depuis leurs voitures.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux femmes qui nous lisent ?

Anaïs et Defne : Vous n’êtes pas seules. 

*France Victimes est un réseau de 132 associations qui ont pour missions l’écoute, l’information juridique, le soutien psychologique et l’accompagnement des victimes d’infractions pénales en France.