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12 mai 2021

Annie et Laïla, coordinatrices de nuit

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Les coordinatrices de parcours sont chargées jour et nuit de l’accueil et du suivi des femmes victimes de violences. Comment ? En faisant le lien avec l’ensemble de l’équipe, avec les professionnel.les qui interviennent sur place, et avec les actrices et acteurs du territoire. En étant leur référente, elles évitent aux femmes d’avoir à répéter leur histoire, et garantissent la cohérence de leur accompagnement.
Découvrez l’interview d’Annie et Laïla, coordinatrices de nuit.

Comment intervenez-vous à Citad’elles ?

Laïla : Nous sommes présentes au centre de 21h à 6h30 du matin, pour répondre à toutes les femmes victimes de violences qui ont besoin d’aide. Quand elles arrivent la nuit, c’est souvent après une crise de violences. Elles peuvent donc venir de leur domicile, mais aussi du CHU, et être escortées par la police, voire nécessiter une mise en sécurité, c’est-à-dire avoir besoin d’être hébergées en urgence dans un logement dont l’adresse reste secrète. Dans ce cas, nous les y accompagnons. Quoi qu’il arrive, notre mission est d’abord de les rassurer, et de les écouter.

Annie : La nuit, nous apaisons aussi les angoisses de celles qui nous joignent par téléphone. Elles peuvent craindre une audience en justice imminente, vivre des réminiscences de leur traumatisme, réfléchir à leur départ du domicile… Ça peut aussi être le moment pendant lequel l’agresseur dort, en cas de violences intrafamiliales – conjugales notamment. Elles saisissent donc cette occasion pour nous contacter. Certaines appellent pour la première fois, d’autres sont déjà en lien avec les équipes de Citad’elles. Ce qui compte pour nous, c’est qu’elles sachent que nous sommes là pour les soutenir.

Les « mises en sécurité » arrivent-elles souvent ?

Laïla : En moyenne, une fois par semaine. Mais c’est difficile de répondre à cette question car il n’y a aucune régularité dans notre activité. Parfois, nous allons procéder à deux mises en sécurité la même nuit, d’autres fois c’est heureusement plus calme… Ce que l’on constate c’est que généralement, quand les journées ont été mouvementées à Citad’elles, les nuits le sont aussi.

Quels sont vos liens avec les coordinatrices présentes en journée ?

Annie : Tous les soirs et tous les matins, nous assurons ensemble des transmissions, afin qu’il y ait une continuité dans la prise en charge des personnes suivies par Citad’elles. A certaines victimes qui nous appellent la nuit, nous proposons aussi de venir dès le lendemain pour rencontrer les équipes, à leur rythme.

Laïla : Comme nos collègues coordinatrices de jour, nous pouvons prendre des rendez-vous avec les professionnel.les qui interviennent au sein de Citad’elles en journée : psychologues, juristes, art-thérapeute, sage-femmes etc.

Où travailliez-vous avant de devenir coordinatrices de nuit à Citad’elles ?

Laïla : Je suis assistante sociale de formation, et j’ai travaillé dans différentes structures associatives, à la fois en Pays de la Loire et en Île de France, plutôt sur la thématique de l’insertion. Avant d’arriver, j’étais en poste au Service d’accueil et de soutien pour les femmes victimes de violences (SAS), à Saint-Nazaire.

Annie : J’ai exercé en tant qu’infirmière avant d’arriver à Citad’elles. Dernièrement, j’ai travaillé au CHU dans une unité spécialisée dans la prévention de jeunes en crise (Espace), et au sein du service d’hospitalisation mère-enfants (Home).

Vous souvenez-vous de vos premières impressions en découvrant Citad’elles ?

Laïla : C’était à mon arrivée, en octobre 2019, je m’en souviens très bien. J’ai tout de suite été impressionnée par l’espace, très grand, et son aménagement, très cosy.

Annie : Il était 6h du matin, je venais de prendre mes fonctions, en octobre 2020. J’ai tout de suite ressenti cette impression de tranquillité et de paix, notamment grâce à la salle de ressourcement.

Le confinement de mars 2020, vous vous en souviendrez comme de moments…

Laïla : Inédits bien sûr ! Au démarrage, nous avons eu beaucoup d’appels inquiets, sur le mode « Je ne sais pas comment je vais faire, monsieur va être à la maison tout le temps, les enfants aussi, ils risquent de voir des violences ». Nous les avons tout de suite rassurées sur le fait que nous étions disponibles pour elles 24h/24, 7j/7, par téléphone ou dans les locaux de Citad’elles.

Quelle personnalité vous inspire ?

Annie : Simone Veil. Elle s’est battue d’un bout à l’autre de son parcours. Elle a lutté pour sa survie dans les camps de concentration, elle a lutté pour nos libertés à l’Assemblée nationale. C’est d’autant plus important pour moi de la citer que l’avortement est régulièrement remis en question.

Laïla : Toutes celles que je rencontre à Citad’elles. Leurs batailles sont toujours différentes, mais je les trouve chaque fois admirables de courage.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux femmes qui nous lisent ?

Annie : La honte est du côté des agresseurs, toujours. L’emprise est tellement forte qu’il faut du temps pour en sortir. Venir à Citad’elles, c’est déjà un premier pas. L’équipe est là pour vous soutenir.

Laïla : Nous vous recevons et vous accompagnons à votre rythme, à l’endroit où vous en êtes.

Pensez-vous à une ressource grand public pour sensibiliser aux violences ?

Laïla : N’hésitez pas à aller regarder les court-métrages « Fred & Marie », ils sont disponibles sur Youtube.